Ils me sont fidèles :

DAGEN JEG DØDE

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--> Je vous présente le grand frère du cliché que j'avais, à l'époque, intitulé Stopping Time, puisque capturé dans une situation similaire. Je n'ai évidemment pas opéré au même endroit ni dans les mêmes conditions et c'est ici que le sujet change. Je décide effectivement de faire valoir, cette fois, le reflet de la montagne vosgienne tout juste décelable dans la goutte droite, sur le point de tomber. 



Le jour où je suis morte

16/11/10


Coma ; n.m. : la mort comme si vous y étiez.



Je me souviens de peu de choses. Bien trop peu. Le soleil a peiné à se lever, pour sûr, prisonnier de son épais manteau de brume. J'ai trouvé le spectacle charmant et me suis immédiatement projetée ailleurs afin d'en profiter dignement. J'ai bêtement décidé d'aller explorer les Monts des Cas, fidèles collaborateurs, me servant parfois de modèles en cas de belles intempéries. 8h30 : j'enfourne le matériel photographique nécessaire dans mon sac LowerPro arrivé en fin de vie, n'ayant d'ailleurs pas survécu à la vague de sang qui l'aura, un peu plus tard dans la matinée, submergé et me bats avec sa fermeture avant de prendre précipitamment le volant. 8h45 : j'avance d'abord sans but précis, ne sachant trop où donner de la tête. Il me semble avoir commencé par le Mont Noir. N'étant en aucun cas satisfaite de mes captures, j'ai repris la route pour finalement me retrouver sur un de ces chouettes chemins de randonnée, magnifié par la brume. L'espèce de nébulosité qui monopolisait l'endroit le rendait mystérieux, énigmatique à souhait. Motivée, j'ai immédiatement vissé ma focale Sigma au bout de mon K20 pour tester cette dernière, puisque toute nouvelle. Et me voilà partie pour une bonne heure de prise de vue. Mes vertèbres à l'agonie ainsi que les batteries épuisées de l'appareil me rappellent à l'ordre : il est temps pour moi de rentrer. 10h51 : mon subconscient, à la base bien plus prudent que la personne qui le loge, me souffle assurément de prendre l'autoroute, plus rapide et plus sûre, en vue des étranges conditions météorologiques. Après moult réflexions actives, trente secondes montre en main, je renonce à emprunter les chemins de campagne qui m'ont menée jusqu'ici ; sait-on jamais? 10h53 : je m'engage, convaincue, sur l'autoroute A25 et c'est ici que s'arrêtent mes souvenirs. Aussi flous, aussi vagues soient-ils. Le néant.


Rapide et prudent, hein
Il m'aura fallu près de quatre mois pour rentrer.

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8 commentaires:

♥AMBre a dit…

Evidemment j'y repense souvent et je me dis que c'est une chance énorme que tu sois rentrée après ce long séjour dans les brumes épaisses.
Quand ces idées tristes m'assaillent, je les chasse vite d'un mouvement vif de ma tête et je me "projectionne" le sourire et les yeux de Nina, son portrait si tu vois ce que je veux dire, pour positiver tout ce qui t'est arrivé depuis, même si certains moments ont été durs à supporter, à vivre ou à revivre pour raisons judiciaires et médicales.
Tu es là, tu es tout simplement, tu es au pluriel, et c'est si bon !

et tu fais de magnifiques photos ! n'empêche fallait le deviner que les Vosges se nichent dans ta goutte d'eau ! jajaja.
Je te vous embrasse très affectueusement, ma petite Lily.

Ulvinne a dit…

@AMBre : Jajaja, oui, la montagne est à peine perceptible. Elle se laisse deviner, et c'est bien ça qui me séduit dans l'idée du cliché, jaja! Je suis touchée et ravie que la photographie te plaise, comme toujours! :-)

Merci, ma chère AMBre, tes mots sont justes et admirablement bien choisis ; ils témoignent de ta profonde compréhension. Les gens relativisent généralement, me lançant, bien trop souvent : "Ah? Alors, ce n'était pas si grave?!" Cette phrase m'insupporte, me blesse. Ils n'ont rien compris, voilà tout, ne réalisent pas la gravité de l'état auquel j'ai su mettre un terme miraculeusement. Oui, c'est un miracle. Je suis fière. Je suis épanouie et comblée. Mon Nikro et ma petite Nina sont tout ce qui me rattache à ce monde. Non, je ne rêve pas, c'est fabuleux!

Anonyme a dit…

Si l'on te laisse des commentaires en préférant garder l'anonymat, c'est que l'on te respecte. Que tu es grande, sage, impressionnante. Ce que tu as vécu ne connait pas d'égal. Tu as Vécu, justement. La vie doit avoir un tout autre sens à tes yeux aujourd'hui. Je t'admire, je t'admire comme je n'ai jamais admiré personne dans ma vie. Tu en es presque irréelle.

Et tes photos sont tellement belles, pures, tellement vraies!

Ulvinne a dit…

@Anonyme : merci du fond du coeur. J'aimerais vraiment connaître ton identité. A bon entendeur! ;)

666 a dit…

Nul autre que toi ne peut vraiment savoir, comprendre d'où tu reviens. Ce que tu y as laissé.
Tu es "morte" mais tel le phœnix tu es à nouveau. + forte et + vivante.
De cet accident atroce, horrible, il faut à présent ne prendre que le "positif". Tu es là. Tu connais désormais + que n'importe qui la beauté en chaque chose, l'amour des tiens, l'amitié de certains, la sincérité, la beauté de la nature et de la vie tout simplement.
Tout ça, c'est ton patrimoine "génétique". Tout ça, fait de toi qui tu es aujourd'hui. Une personne délicieuse, talentueuse, humaine, tendre, vivante, unique. Et tout ça transparaît dans ton Art : tes photos.
Je t'embrasse et Nina aussi.

Ulvinne a dit…

@666 : Comment te dire à quel point je suis émue? Ce que tu m'écris là est tellement lourd de sens et me va droit au coeur. Je te remercie mille fois de comprendre. Car oui, comme AMBre, tu comprends et c'est précisément ça dont j'ai besoin. Et c'est une chose tellement rare! Je suis tellement comblée de vous avoir dans ma vie!

Ma Nina et moi t'embrassons également de toutes nos forces.

Bikou a dit…

Je n'peux pas m'empêcher de railler tusaisqui quand elle dit avoir vécu des choses plus graves que le commun des mortels. Quand elle prend cela pour des excuses et s'en sert pour se mettre au dessus de ceux qui ne sont pas passés près de la folie ou de la mort. Des broutilles. Des broutilles d'ado qui se met volontairement en danger.

Parce que c'est toi que j'ai pour exemple et que quoiqu'il arrive, je garderai comme exemple. C'est pas joli de comparer mais je peux pas m'en empêcher. Ces gens qui se complaisent dans leur malheur gluant alors qu'ils ont tout et qui viennent de surcroît me demander de l'aide parce que je suis "stable et/ou compréhensive" (et qui viennent ensuite dire aux autres que je suis trop maternelle), je les boufferais.

Ils devraient lire tes articles avant de se mettre dans des situations pas possibles pour attirer l'attention / se faire plaindre après coup.

Wooooh j'suis d'une humeur rageuse ! Tout simplement parce que j'aimerais que tout le monde soit aussi sage que toi ! :D

Ulvinne a dit…

Bikou chérie, je te remercie du fond du coeur.

Tu fais partie de l'infime pincée de personnes à réellement comprendre ce que j'ai traversé. Je suis humblement tout à fait d'accord avec toi. Il m'arrive à moi aussi d'entendre et/ou de lire des pouffetasses à Q.I. d'huître morte à peine âgées de dix-huit ans se plaindre de situations plus débiles et puériles les unes que les autres, dans lesquelles elles ont effectivement décidé elles-mêmes d'aller se plonger. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire qui peut certes paraître hautain avant de le ravaler sagement.

Bouffons-les, MIAM!

Merci, merci, merci Bikou.

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