--> Cliché issu de la récente série vosgienne, capturé en plein coeur du feu de bois crépitant dans la cheminée du salon, après avoir protégé mon boîtier ainsi que mon visage, tout de même. Chacun y interprète ce que bon lui semble. Je décide personnellement de l'intituler Óðinn, puisque j'y devine un guerrier borgne, brandissant sa lance.
Le jour où je suis morte #2
29/11/10
L'issue d'un cauchemar...
Et, lentement, doucement, un halo de lumière parvient à tenir tête aux ténèbres brumeuses ayant subtilisé cette poignée de semaines, ces quinze jours de ma vie passés quelque part, hors de l'espace et du temps. Une sorte d'univers parallèle, achalandé par les visions Ô combien étranges qu'engendre la dose inquantifiable de morphine administrée quotidiennement par les médecins. Inutile de nier qu'il m'arrive encore aujourd'hui d'être saluée par ces images pour le moins curieuses ; elles me fascinent, me terrorisent. Une cabane en bois, ma voiture, la maison de mes parents, une inondation. Le grand Zakk, une grotte, le train. Nathalie, un bateau, l'Angleterre, mes grands-parents. Quelques fruits de mer, un avion, l'Islande ou l'Ecosse. Noël. Et cette convalescence perpétuelle, mystérieusement bien présente lors de chacune de mes échappées subconscientes. Quelques coups d'oeil creux dans le monde réel, appuyés par le peu de jugeote m'ayant survécue. Un tableau blanc, du jaune fluo, les lumières d'un stade, cette machine à ma droite, les pulsations de mon propre coeur. Samedi 4 décembre, mes souvenirs se précisent. Mon père, la frangine, le numéro 15, ma Lou, Laurence. Mon Nikro, son regard embué, sa main sur la mienne, sa demande en fiançailles, le tendre baiser qu'il dépose ensuite sur mon front. Je suis intubée et les tuyaux dans ma bouche me dissuadent fortement d'avoir recours à une quelconque forme de parole, je ne vois absolument rien. Je ne peux pas me lever, je ne peux pas marcher. Je n'ai psychologiquement pas la force d'essayer. Je suis seule, terriblement seule avec le fantôme de conscience qu'il me reste. Une ébauche, un ectoplasme. Mon côté gauche est paralysé, les tiraillements de mon dos ne me sont même pas insupportables. La douleur n'est qu'une information interprétée par le cerveau, signal que le mien ne semble plus apte à déchiffrer. Douce nonchalance. Je ne suis pas en mesure de comprendre les rapports temporels qui m'entourent, je ne sais plus qui je suis, ne sais pas où je suis ni ce qui m'est arrivé. Je ne m'imagine rien, je ne cherche même pas à approfondir. Pas l'ombre d'une initiative n'est plus prête à germer dans ma boîte crânienne amoindrie. J'ai perdu toute notion du concret, du réel, de ce qui est socialement acceptable et de ce qui ne l'est pas. Je suis nourrie par le biais d'un cathéter, poignardé juste en-dessous du coeur. Je suis un animal égaré. Une petite, toute petite enfant, radicalement privée de tout ce que l'on acquiert en grandissant. Mon esprit est en veille. Mon corps, lui, est entièrement dépendant.
'
10 commentaires:
Belle journée Ulvinne...
Pierre
@Pierre : Je ne parviens plus à te laisser de commentaires! Blogger a de petits problèmes depuis quelques semaines!
Pfiou.. ça me glace littéralement !
je t'envoie plein de bisous ma Lily <3
@Lala : Du fond du coeur, je t'envoie un énormissime merci, ma belle. Car tu es là et tu as compris une grande partie de ce qui s'est passé dans ma tête.
WO AI NI!
Je ne peux rien dire, rien écrire... j'ai la gorge complètement nouée.
C'est bien que tu sortes tout cela de toi, ton témoignage est terrible mais salutaire.
Je t'embrasse fort, mon petit oiseau que j'aime.
@AMBre : ma chère AMBre, merci. Tu l'as deviné, ce témoignage me fait un bien fou. J'y ai mis toutes mes entrailles et tout mon coeur. Je voulais faire passer l'horreur de l'expérience telle que je l'ai vécue. C'est certes peu délicat, mais libérateur pour ma petite personne. Je t'embrasse très fort, ma petite fée que, moi aussi, j'aime grand comme ça.
@Chloé : <3
Et si tu publiais un livre?
Ton histoire est bouleversante. Je t'observe en silence depuis longtemps.
Merci.
Cet article me retourne totalement ma belle, même si je n'avais aucun doute sur l'horreur de ce que tu as traversé.
A ce soir les loulous !
On a hâte de vous voir :)
@Amandine : merci ma belle. Ta compréhension me va droit au coeur et vous faîtes partie des amis, des vrais, qui êtes venus me voir à Berck. Je ne vous en remercierai jamais assez.
Hâte de vous revoir également, vivement ce soir! :')
bonjour Ulvinne,
bonne journée,
(Ulvinne est votre nom?)
vous avez un site magnifique,
belles photos
et très mignon textes.
je vous remercie beaucoup pour votre visite
Je vous souhaite une bonne semaine
bisous
(Pardonnez mon français est très mauvais)
Enregistrer un commentaire