Ils me sont fidèles :

DAGEN JEG DØDE PT. III








FUMAROLE



--> Vieux cliché qui peut vous paraître trafiqué, mais qui, comme à mon habitude, ne l'est absolument pas. Ma foi, qu'en dire? Laissons la fumée illustrer la légèreté, la fragilité de mon esprit vulnérable à ce moment crucial de ma vie.












Le jour où je suis morte #3

6/12/10


Je n'ai pas encore toute ma tête lorsque, le lundi 6 décembre à huit heures tapantes, une affable ambulancière m'arrache de ma prison lilloise. On a pourtant tenté à plusieurs reprises de m'expliquer que j'allais mieux et que la prochaine laborieuse étape de ma vie se déroulerait à Berck. Qu'elle serait longue et pénible. Qu'il était fort probable que je ne récupère pas tout. Étrangement, mon cerveau sévèrement blessé a enregistré chacun des détails de ce trajet de deux heures. Je me souviens parfaitement de la conversation tissée avec cette femme. J'ai vaguement saisi l'incommensurable gravité de ce que j'étais en train de traverser. J'en ai compris le sens global, sans véritablement réaliser que c'était moi, que c'était ma vie, mon histoire. Elle m'a déposée dans la pièce du centre de rééducation destinée à devenir ma chambre et l'un des deux neurologues en chef de l'établissement est venu m'y accueillir. Il m'a d'abord installée dans mon fauteuil roulant, avant de savamment choisir les mots qu'il emploierait pour m'expliquer la sévérité de ce que j'avais subi, la situation que je traversais et ce qui m'attendait. Je reviens de loin ; il est même étonnant que je m'en sois sortie. Je suis déjà extrêmement lucide par rapport à ce que j'ai surmonté. Il ne faut pas que je m'en veuille, que j'en veuille à qui que ce soit si mes capacités neurologiques antérieures ne reviennent pas toutes. Ce n'est pas ma faute, qu'il dit. Non, bien sûr que non. Je me demande d'abord si je vais retrouver ne serait-ce que l'usage de mes mirettes ainsi que celui de mes jambes. Il ne sait pas.

Et c'est là que, brutalement, violemment, une décharge me traverse, électrifiant mon squelette. On m'a greffé de solides barrières dans le crâne. Je dois donc renoncer à la libre pensée, à la conscience de soi, à toute forme de créativité. Me voilà condamnée à la dépendance, à la stérilité intellectuelle. Et c'est alors que, nerveusement, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps, tentant d'exorciser l'inconsolable chagrin qui secouait ma carcasse de sanglots frénétiques, rendant l'accablement qui s'était abattu sur mes épaules quelques minutes plus tôt quasi irrationnel. 

J'avais compris.

'

11 commentaires:

Bikou a dit…

Je t'aime ! (Et c'est pas à tout le monde, que je dis ça aussi simplement).

Ulvinne a dit…

Je t'aime aussi.
Et c'est, chez moi également, une phrase bien trop lourde de sens pour être balancée à la légère!

666 a dit…

Je t'admire.

♥AMBre a dit…

J'ai lu hier la suite, mais j'étais incapable de réagir aussitôt.
Je me suis revue à ce moment-là, imaginant le pire pour toi, pensant à toi si fort sans te connaître, sans mettre un visage sur mes pensées, sans savoir même si tu saurais un jour combien j'ai émis des souhaits de guérison et de vie pour toi.
En tout cas, j'y ai cru, vraiment... et tu connais la suite ou le début de notre histoire.
Je t'embrasse fort.
Tu es quelqu'un d'admirable et tu es mon modèle de combat envers et contre tout(s).

BOD a dit…

C'est fou ce que l'on peut voir dans une photo. J'y vois un visage, un demi visage féminin, légèrement penché vers la droite, une bouche qui sourit, oeil qui te fixe et qui regarde droit devant lui, qui regarde le spectateur, le visiteur de ce blog. Des cheveux clairs qui encadrent ce demi visage. Une lumière qui vient de la gauche...Et puis je compare avec ton avatar et je les superpose. Ces deux images se superposent parfaitement, l'axe oblique, l'oeil, la bouche, troublante sensation, vie fragile, soleil souriant malgré tout. Merci Ulvinne pour tout ce que tu écris et pour tout ce que tu nous apportes. Et merci à AMBre qui un jour m'a fait découvrir ce blog plein d'humanité...

Ulvinne a dit…

@AMBre, Bod', 666 : vos mots me clouent littéralement, me touchent au plus profond de mon âme. Vous avez bouleversé ma vie virtuelle et chamboulé ma vie réelle, les fusionnant, les rendant passionnantes, m'apportant jour après jour à travers vos encouragements, vos compliments, votre soutien puis, par la suite, votre présence, tout simplement. Je ne vous remercierai jamais assez pour toute l'amitié, tout l'amour que vous m'offrez. Alors, à tous les trois, le plus vrai des mercis.

Chloé a dit…

Tu m'as presque faite pisser des yeux, bravo !

Et magistrale la photo, j'aime j'aime et j'aime

Ulvinne a dit…

@Chloé : ma petite Chloé, loin de moi l'idée de te faire pisser des yeux, jajaja! Merci d'être là et de l'avoir toujours été, et surtout, merci d'avoir compris. Je suis bien contente de m'être enfin débarrassée des blogueurs qui se disaient compréhensifs et qui, quand j'avais le malheur d'essayer de creuser, étaient en fait complétement vides à l'intérieur, puisqu'ils n'avaient jamais connu le malheur dans son sens véritable. Des broutilles d'adolescents, comme l'a dit mon Bikou. Une façade, sans doute.
Je penserai à faire un billet explicite sur le sujet d'ici quelques temps, jaja!

Merci encore, ma petite Chloé. <3

Lala a dit…

Comme toujours, j'en ai des frissons dans le dos...

Quel chemin incroyable tu as parcouru! tu ne peux qu'être fière de toi, et de ta jolie Nina!

Tu as eu ta revanche sur la vie, je t'admire aussi ma belle

<3
WO AI NI

Ulvinne a dit…

@Lala : Wo ai ni too, ma jolie.
Merci à toi d'être, tout simplement.

Helidunn a dit…

Et dire que nous étions là ! Et que nous avons tout vu, ou presque.

Ahaha quelle histoire n'est c'pas chère Lily !


Mais tu es mon fillot !! Je t'aaaime ! Je suis fière d'ton réussiss'ment ! =D

<3

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