Crément d'Alsace - 2012
GRAND KRUTH
version 1 . 2
--> En capturant ce délicieux fragment de secondes à Kruth au mois de mai dernier, j'avais bien entendu trouvé judicieux de faire quelques essais en exploitant différents réglages à chaque prise de vue, puisque personnellement radicalement opposée au principe de la postproduction. Au premier abord, j'avoue avoir préféré l'atmosphère féerique que véhicule ce cliché. Mon Nikro m'a fortement influencée, lui préférant les teintes glaciales de la variante bleutée. Je juge donc bon, aujourd'hui, de publier cette chaleureuse version du fameux saut du bouchon.
*__*
*
Les traits de mon avenir se dessinent nettement tandis que je sillonne les rues de Lambersart.
___ "Dis Papy, qu'est-ce qu'elle fait, la Poste?"
La Poste, c'est moi. Et la Poste n'a l'air de rien devant son coffre relais, trempée par la pluie. L'eau ruisselant sur ses cheveux, elle prend sa pause clope, amplement méritée après avoir chargé la petite trentaine de kilos de courrier supplémentaires sur son vélo. Il est dix heures trente.
Sa besace est toute pleine de courrier en attente de réexpédition, de publicités à renvoyer à l'expéditeur et d'autres aberrations postales. Ses épaules sont à l'agonie, puisque tractant également une moyenne de vingt-et-un recommandés quotidiens, plus ou moins volumineux.
Quatre semaines qu'elle distribue la tournée 105, cinquième collectivité de boîtes aux lettres desservie par ses modestes mains, mains dont la quasi totalité des doigts souffrent le martyr à force de se faire happer par les minuscules boîtes aux lettres bien trop voraces de la rues des Aubépines. Elle est finalement venue à bout de cette tournée, complexe voire interminable en suivant le casier, incroyablement agréable depuis que son paquet de neurones en a décidé autrement. Après s'être pavanée deux jours dans les rues de la ville alors que le clocher sonnait trois heures trente, la voilà rentrée au bureau à onze heures sous les yeux ébahis des plus rapides de ses collègues.
Heureusement, elle est déjà passée au commissariat.
___ " - Dis donc, Marcel, vise un peu ce que la pluie nous amène ! Tu as vu la factrice ?!
___ " - Superbe ! Après la pluie vient le beau temps, hein ? "
Et cette dernière phrase d'entraîner avec elle tout le bâtiment. Les joues framboises, la Poste s'est empressée de remonter sur son vélo en pédalant à toute vitesse en direction de la mairie.
___ Dix heures trente, donc. La clope au bec, elle regarde les passants et s'imagine le courrier qu'ils reçoivent, la presse urgente leur étant destinée. La boîte aux lettres de cette petite dame est-elle normalisée? Ce monsieur fait-il pester le facteur en se faisant adresser une multitude de plis à la taille démesurée par rapport à la microscopique fente en ferraille de sa porte d'entrée? Déformation professionnelle, sans doute.
Bon, le verre est à moitié plein. Ne lui reste que deux batteries de bâtiments dans lesquelles le courrier se trouve être miraculeusement bien adressé, deux petites rues ainsi que la grande.
La coiffeuse se plaint du titulaire, madame Dupont reçoit sans aucun doute beaucoup trop de niaiseries et la caissière de l'épicerie du coin ne veut pas lui prendre son recommandé. A la maison de retraite, la Poste est obligée de dévaler les cinq escaliers du bâtiment pour délivrer le chéquier de Mamie Grégoire. Pierrot lui paie un café, la voilà requinquée. La tournée s'achève au numéro 303, maisonnette toute biscornue abritant la grand-mère à moustache. Cette dernière guette l'arrivée de la bicyclette jaune et bleue chaque matin. Elle a besoin de parler, un peu. Onze heures, la Poste se voit donc contrainte d'enlever son costume de facteur pour revêtir celui de l'assistante sociale. La grand-mère à moustache ne s'imagine pas tout ce que cache le courrier. Elle ne soupçonne même pas toutes les éreintantes manipulations entraînées par la malheureuse carte postale qu'elle vient tout juste de recevoir de Vancouver. Dix minutes de recherche dans le piètre cahier de tournée, eh! S'est-elle seulement demandée ce qu'exigeait la confirmation de pré-inscription à l'université Lille 3 Charles de Gaulle de son petit fils? Et sa carte de fidélité Carrefour? Pas une seule fois. Elle a beaucoup voyagé. La Poste visite par procuration les Indes, certains pays de l'Amérique du Sud ainsi que l'Australie. Ça lui réchauffe le coeur, ses os sont glacés.
Elle est bien aimable, Paulette! Juste qu'il est temps pour la Poste de remonter sur son vélo, d'aller rendre ses comptes et de recharger ses batteries pour repartir du bon pied demain matin.
Sa besace est toute pleine de courrier en attente de réexpédition, de publicités à renvoyer à l'expéditeur et d'autres aberrations postales. Ses épaules sont à l'agonie, puisque tractant également une moyenne de vingt-et-un recommandés quotidiens, plus ou moins volumineux.
Quatre semaines qu'elle distribue la tournée 105, cinquième collectivité de boîtes aux lettres desservie par ses modestes mains, mains dont la quasi totalité des doigts souffrent le martyr à force de se faire happer par les minuscules boîtes aux lettres bien trop voraces de la rues des Aubépines. Elle est finalement venue à bout de cette tournée, complexe voire interminable en suivant le casier, incroyablement agréable depuis que son paquet de neurones en a décidé autrement. Après s'être pavanée deux jours dans les rues de la ville alors que le clocher sonnait trois heures trente, la voilà rentrée au bureau à onze heures sous les yeux ébahis des plus rapides de ses collègues.
Heureusement, elle est déjà passée au commissariat.
___ " - Dis donc, Marcel, vise un peu ce que la pluie nous amène ! Tu as vu la factrice ?!
___ " - Superbe ! Après la pluie vient le beau temps, hein ? "
Et cette dernière phrase d'entraîner avec elle tout le bâtiment. Les joues framboises, la Poste s'est empressée de remonter sur son vélo en pédalant à toute vitesse en direction de la mairie.
___ Dix heures trente, donc. La clope au bec, elle regarde les passants et s'imagine le courrier qu'ils reçoivent, la presse urgente leur étant destinée. La boîte aux lettres de cette petite dame est-elle normalisée? Ce monsieur fait-il pester le facteur en se faisant adresser une multitude de plis à la taille démesurée par rapport à la microscopique fente en ferraille de sa porte d'entrée? Déformation professionnelle, sans doute.
Bon, le verre est à moitié plein. Ne lui reste que deux batteries de bâtiments dans lesquelles le courrier se trouve être miraculeusement bien adressé, deux petites rues ainsi que la grande.
La coiffeuse se plaint du titulaire, madame Dupont reçoit sans aucun doute beaucoup trop de niaiseries et la caissière de l'épicerie du coin ne veut pas lui prendre son recommandé. A la maison de retraite, la Poste est obligée de dévaler les cinq escaliers du bâtiment pour délivrer le chéquier de Mamie Grégoire. Pierrot lui paie un café, la voilà requinquée. La tournée s'achève au numéro 303, maisonnette toute biscornue abritant la grand-mère à moustache. Cette dernière guette l'arrivée de la bicyclette jaune et bleue chaque matin. Elle a besoin de parler, un peu. Onze heures, la Poste se voit donc contrainte d'enlever son costume de facteur pour revêtir celui de l'assistante sociale. La grand-mère à moustache ne s'imagine pas tout ce que cache le courrier. Elle ne soupçonne même pas toutes les éreintantes manipulations entraînées par la malheureuse carte postale qu'elle vient tout juste de recevoir de Vancouver. Dix minutes de recherche dans le piètre cahier de tournée, eh! S'est-elle seulement demandée ce qu'exigeait la confirmation de pré-inscription à l'université Lille 3 Charles de Gaulle de son petit fils? Et sa carte de fidélité Carrefour? Pas une seule fois. Elle a beaucoup voyagé. La Poste visite par procuration les Indes, certains pays de l'Amérique du Sud ainsi que l'Australie. Ça lui réchauffe le coeur, ses os sont glacés.
Elle est bien aimable, Paulette! Juste qu'il est temps pour la Poste de remonter sur son vélo, d'aller rendre ses comptes et de recharger ses batteries pour repartir du bon pied demain matin.
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16 commentaires:
Magnifique!
Superbe photo!
J'aime beaucoup ces couleurs dorées !
@ Philippe Bulot & Zazou : merci beaucoup à vous deux et soyez les bienvenus sur mon espace virtuel! :-)
Je peux mettre un lien vers cet article sur mon texte sur le même sujet ?
Je trouve le tiens très beau, et puis vivant.
@ NsL : au secours! Je n'arrive plus à laisser de commentaires sur ton site, dont j'adore le nouveau layout, d'ailleurs! *bave*
Classe, épuré, élégant, BRAVO! :')
J'aillais justement te demander si je pouvais mettre un lien vers ton texte sur cet article! Je peux, je peux?
Tu peux bien évidemment en faire de même, c'est un plaisir et un honneur! Merci! :')
C'est joli aussi dans ces teintes chaudes et mordorées.
Mais j'aimais le côté fantasmagorique de la version bleutée.
Ça ferait une magnifique photo de pub pour vanter un café, un whisky.
L'échéance approche à grands pas.
Je pense fort à toi.
Bravo encore pour ces péripéties d'une factrice si bien racontées.
@ 666 : merci, ma sorcière bien-aimée! Je compte t'envoyer un mail d'ici peu pour prendre de tes nouvelles. Je pense très fort à toi. La vie m'a rattrapée ces dernières semaines et je n'ai eu que trop peu de temps pour moi. :$
Je suis d'accord avec toi concernant le cliché! Je me rends compte que c'est du cinquante cinquante. Les gens préfèrent radicalement l'une ou l'autre version. Je trouve celle-ci plus féerique mais je pense également préférer la version bleutée. :')
D'énormes bisous tout doux.
Les deux versions sont superbes. Ce n'est tout simplement pas la même photo !
Perso, j'aime le froid, mais un coup de chaud fait du bien. C'est même à ça que je préfère le Froid : un peu de chaleur le valorise.
Très joli texte, tellement vivant.
Décidément, ta plume vaut le détour !
@ Galien : que de mots valorisants! Je me sens toute riquiqui, toute minuscule en les lisant, comme s'ils ne m'étaient pas adressés... :$ Un millier de mercis à toi, Galien.
Je pense également préférer la version glaciale, plus en accord avec ma personne, mais soyons fous! La chaleur qui émane de celui-ci me réchauffe le coeur et je suis ravie qu'elle en fasse de même pour toi.
Merci mille fois, encore!
La Poste, c'est aussi le talent !
Tu ne peux plus laisser de commentaires ?? Etrange, car je n'ai pas modifié mes options de ce côté-là... En plus j'ai déjà validé ton ip comme non spam donc... je m'en vais voir où est le soucis ^^
[...]
Alors, une supposition : quand tu es sur la partie article (le bol de cerises) tu ne peux pas pas mettre de commentaires directement (je suppose que tu as voulu cliquer sur "aucun commentaire"). En fait il faut que tu cliques sur le titre de l'article afin d'aller sur sa page et là tu as tout le loisir de laisser un message comme avant.
Si jamais c'était pas ça, dis le moi que je traque ce bug !
Merci pour le design, il n'est pas de moi ceci dit xD (j'ai laissé les crédits de l'auteur du thème d'ailleurs) Mais je me suis bien pris la tête pour en trouver un bien !
Je serai moi aussi très honoré d'être mise en lien avec cet article !
Au fait, J-7, pas trop stressée ?
\0/
J'ai la version féérique et mauve sous les yeux tout le temps, juste au-dessus de mon ordi :)
Cette variation dorée me fait penser à du Champagne qui coule dans une jolie flûte, à de la soie glissante, et quand je pense au Champagne je pense chaque fois à 666, ça c'est une autre histoire...
Quant au billet postal, je le trouve génial, tu es douée pour raconter les choses, les émotions, les petits riens dans une journée qui sont tellement pour certaines personnes isolées.
Mon facteur est très gentil, très cool et très bavard, lui aussi a besoin de se réchauffer le coeur et il sait qu'il a une chance de nous apercevoir le samedi matin, je peux même te dire qu'il laisse dans notre boîte aux lettres du Saint-Nectaire arrivé tout droit de là-bas, mais déposé par ses propres mains !
il est très gentil... disais-je, mais il n'a pas ton sourire radieux, et j'aurais aimé habiter rue des Aubépines pour te guetter et te proposer un café fumant...
Ton récit me ramène aussi à la chanson (que j'adore depuis toujours) : le Facteur de Moustaki.
Ma fée. Je réagis à chaud à ton commentaire, qui ne me donne envie que d'une chose : prendre mes cliques, mes claques, mon homme et ma Nina et emménager par chez toi. Et pourquoi pas devenir titulaire de la tournée sur laquelle tu habites? :')
♥
Je ne suis pas certaine que tu te plairais ici, nous en partirons dès que nous le pourrons, c'est notre rêve, vers un endroit beaucoup plus tranquille et sauvage...
Par contre, rien n'empêche de venir en visiteurs, vous y serez accueillis à bras ouverts !
Et je pense que la tournée de notre facteur est moins sympathique que la tienne, car il doit souvent tomber sur des maisons vides dans ces grandes villes dortoirs...
Je lui demanderai à l'occasion si lui aussi a une grand-mère à moustaches, il rira sans doute dans sa barbe (qu'il n'a pas d'ailleurs, héhé)
:) Bisous, plein, fort...
@AMBre : oh, tu sais... Pérenchies est loin d'être charmant et je ne suis que trop peu attachée à ma région. On a bien quelques chouettes coins et j'aimerais, à long terme, que l'on s'installe dans les Flandres ; mais après?! :-/
Je t'assure, ma fée. La grand-mère à moustache mérite ce surnom. C'était incroyable, jajaja!
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